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Kum'a Ndumbe III: Preserver, promouvoir, protéger - Une perspective francophone et linguistique – La fondation AfricAvenir International au Cameroun

Conférence présentée par le Prince Kum'a Ndumbe III lors de la conférence "The African Diaspora Heritage Trail Conference (ADHT)", à Halifax, Nova Scotia, 22-24 septembre, 2011. 

Une personne dont la mémoire a été effacée ne retrouvera pas le chemin de la maison.

Participer à cette conférence « African Diaspora Heritage Trail Conference » ici à Halifax au Canada est un réel privilège. Je suis heureux d’avoir fait le déplacement pour rencontrer toutes ces sœurs, tous ces frères disséminés de par le monde et dont le cœur bat pour le destin commun de l’humanité, cette humanité qui a pris ses racines sur la terre de la mère Afrique. Le destin des peuples d’origine africaine a été bien particulier pendant ces cinq derniers siècles, et nous avons atteint aujourd’hui le seuil d’une renaissance qui s’imposera en ce début du 3è millénaire. Le programme de l’ADHT est l’une des composantes énergétiques qui oeuvrent pour l’accomplissement de cette Afrique en renaissance.

Le combat fondamental que nous avons engagé au sein de la Fondation AfricAvenir International depuis 1985 est celui du réveil de la mémoire effacée des peuples africains, peuples soumis pendant des siècles à la négation structurelle de soi-même et à l’emprunt planifié de valeurs secondaires d’autrui. Ce réveil de la conscience africaine engendre chez les peuples oppresseurs une interrogation essentielle sur eux-mêmes, sur leur propre histoire et sur leurs relations avec les peuples d’ascendance africaine et du reste du monde. Il s’agit donc d’une prise de conscience qui, partant de l’expérience africaine, conduit nos peuples et ceux des autres continents à un engagement nouveau pour le destin commun de l’humanité.  

Nous sommes partis des réalités non seulement d’une Afrique dite francophone, mais de l’expérience camerounaise qui après des relations bilatérales avec les Portugais, se mua en colonisation par l’Allemagne d’abord dès 1884 et se transforma en colonisation simultanée française et anglaise après la première guerre mondiale en 1919. Après l’indépendance en 1960 et la réunification partielle des deux Cameroun de la partie française et anglaise en 1961, le Cameroun se définit aujourd’hui, en 2011 comme un pays francophone et anglophone adhérent aussi bien dans la francophonie que dans le Commonwealth. Définir et présenter le Cameroun en 2011 comme pays francophone et anglophone relève cependant d’une terrible réduction de mémoire effacée et de négation de la réalité nationale camerounaise où les citoyens utilisent tous les jours plus de 270 langues sans intercompréhension, même si ces langues peuvent se regrouper en familles linguistiques.

Mais chaque jour, à la radio, à la télévision, à l’école, au parlement, dans nos relations internationales, il vous sera dit que le Cameroun est un pays bilingue anglais - français, et non pas un pays multilingue basé essentiellement sur les langues africaines. Voilà donc l’héritage d’une mémoire effacée de manière structurelle, voilà l’état de conscience des structures de décision qui gouvernent la majorité des pays africains en ce début du 21è siècle. Le système colonial et néo-colonial a façonné des Africains qui vivent dans une contradiction permanente entre leur héritage millénaire et réel, et les contraintes de réussir dans un système qui ne les accepte que s’ils se renient profondément et acceptent d’être insérés dans des structures de domination imposées par les autres. Même bardé de diplômes universitaires, l’Africain moderne doit se distinguer par un analphabétisme structurel sur soi-même, sur son passé et sur son environnement africains. Il doit briller par des modèles qui viennent d’ailleurs et qui prétendument doivent servir comme solutions aux problèmes du continent africain. Ainsi, l’Afrique moderne et mon Cameroun d’aujourd’hui sont basés essentiellement sur l’extraversion durable dans leurs systèmes politiques et juridiques, dans leurs structures économiques, dans leur communication culturelle et religieuse, sans parler de leur système de défense militaire entièrement dépendant de livraisons de matériel importé.

Malgré des efforts titanesques de certains dirigeants africains conscients de l’imposture, l’Afrique est encore essentiellement gérée par des concepts, des stratégies et des politiques à long terme décidées hors du continent. Les immenses richesses africaines convoitées par les autres depuis le 19è siècle et qui ne font que s’amplifier par de nouvelles découvertes dans le sous-sol africain, au lieu de booster l’envol et le développement de l’Afrique, en font en ce 2011 un champs de bataille dévastateur, une hécatombe provoquée par les stratégies des autres, même si certains des nôtres aussi, inconscients des enjeux ou tout simplement voraces et criminels, y jouent aussi leur partition. Mais cette hécatombe ensanglante le continent, c’est nous qui mourrons et non pas les autres qui nous agressent ou qui ont élaboré ces stratégies de domination et d’extraversion durables.
 
L’extraversion durable érigée en système d’éducation et de gouvernement exige de l’Africain moderne que ses contacts privilégiés s’établissent non pas entre Africains d’abord, non pas entre Africains et peuples d’ascendance africaine parallèlement, mais tout d’abord, surtout sinon exclusivement entre lui et ses maîtres penseurs et stratèges extérieurs au continent africain. L’Europe et l’Amérique du nord deviennent des mirages, le cadre africain s’emploie à s’identifier à leurs modèles glorifiés comme modèles gagnants, son portefeuille et son agenda ne comprennent pas l’intérêt majeur de relations privilégiées avec les peuples et les gouvernements d’ascendance africaine dans la diaspora.

Quand dès le début des années 80 j’ai dirigé l’association nationale des poètes et écrivains camerounais et co-dirigé l’association des écrivains de l’Afrique centrale, et avec mon expérience d’enseignant universitaire, j’ai compris qu’il était très difficile de modifier le cours des choses à l’intérieur des structures officielles dans un pays qui se dit francophone et anglophone, pendant qu’il est multiculturel et multilingue au quotidien. Il fallait créer un espace d’expérience et de liberté, voué à la renaissance d’une Afrique debout. Voilà ce qui explique la naissance de la Fondation AfricAvenir International à Douala en 1985, il y a 26 ans.

Préserver

1- Collecte et archivage de témoignages de Camerounais sur la naissance du Cameroun

Je dirigeais le département d’études germaniques à l’Université de Yaoundé au Cameroun quand je me suis rendu compte que les chercheurs de toutes les disciplines confondues se heurtaient à une difficulté majeure dans l’écriture de l’histoire de la naissance du Cameroun moderne. Presque tous les documents étaient écrits en allemand, surtout en écriture gothique, et les intellectuels camerounais dits « francophones » ou « anglophones » ne pouvaient pas accéder à ces documents sans procéder à des traductions hasardeuses d’étudiants germanistes peu sûrs d’eux-mêmes. J’ai donc mis sur pied en 1982 une équipe pluridisciplinaire composée de germanistes, d’historiens, d’économistes, de juristes, d’anthropologues et de sociologues pour sillonner tout le Cameroun, rechercher et interroger tous les vieux encore vivants et ayant vécu directement ou par leurs parents la période coloniale allemande. C’est ainsi que grâce au projet « Souvenirs de l’époque allemande au Cameroun », nous avons pu enregistrer des interviews avec 120 témoins oculaires camerounais de l’époque allemande au Cameroun, donc de la naissance du Cameroun moderne, chacun dans sa langue respective, en français ou en anglais. Ainsi, nous avons pu recueillir la version et la vision des Camerounais sur la naissance du Cameroun moderne, sur leur expérience de la colonisation allemande, et surtout sur leur résistance.

2- Traduction de textes fondamentaux sur la période de la naissance du Cameroun

Parallèlement à ce projet, nous avions monté surtout avec des collègues germanistes un second projet intitulé « Traduction de textes fondamentaux de l’époque coloniale allemande ». L’intention était de permettre aux chercheurs de différentes disciplines d’avoir accès à des traductions professionnelles et fiables sur la naissance du Cameroun moderne. Ces deux expériences, malgré des résultats tangibles, se sont arrêtées en 1986, mais devraient pouvoir être reprises aujourd’hui, ne serait-ce que pour mettre à la disposition du public les informations collectées à l’époque et les traductions faites.  

3- Contes et proverbes en langues camerounaises recueillis vers 1880

Ces recherches nous ont emmené à nous poser cette question : comment trouver des documents qui parlent de notre société camerounaise avant l’invasion coloniale ? Dans les archives en Allemagne, nous avons alors trouvé, collecté et ramené à la Fondation AfricAvenir International à Douala plus d’une centaine de contes, et des recueils de proverbes rédigés dans les langues camerounaises et traduits en allemand. Mais le plus important, c’est que ces contes et proverbes avaient été recueillis dans les années 1880 par les missionnaires allemands et ceci dans leurs langues originales. Ces contes parlent d’une société camerounaise dans sa spiritualité, son organisation sociale, politique et économique sans aucune influence étrangère ou coloniale.   
4- Collecte de textes en langues camerounaises sur l’évolution du Cameroun
 
La recherche de textes écrits par les Camerounais nous a emmené aussi à trouver en France et au Cameroun et à ramener à la Fondation AfricAvenir International à Douala des textes dans les langues camerounaises, surtout en duala pour le lot actuel, rédigés par des maîtres d’écoles, des pasteurs, des secrétaires de rois dans les années 1920-1930 et traitant des questions politiques, juridiques, économiques, religieuses et culturelles. Ces textes jettent une lumière exceptionnelle sur l’organisation et la gestion de nos sociétés avant et pendant la colonisation.

5-  Bibliothèque Cheikh Anta Diop

Ayant pris conscience que dans les bibliothèques universitaires du Cameroun les étudiants trouvent à peine les livres que leurs propres professeurs qui les enseignent ont écrit, et qu’ils doivent utiliser les livres d’auteurs essentiellement européens et parfois américains, j’ai décidé de créer la « Bibliothèque Cheikh Anta Diop » à la fondation à Douala. Elle a pour vocation d’acheter et de collecter les livres sur la naissance du Cameroun moderne, sur l’évolution du continent africain, sur la diaspora africaine et sur les relations internationales avec l’Afrique. Un autre aspect important est la collecte de livres écrits par des Camerounais, des Africains et des écrivains d’ascendance africaine. C’est ainsi que l’on trouve des livres en 81 langues camerounaises dans la bibliothèque, à côté des livres en langues européennes. Les livres d’autres auteurs, fussent-ils européens ou autres sont tout aussi collectés. La bibliothèque compte actuellement environ 7.000 volumes. Les chercheurs qui l’utilisent régulièrement viennent du Cameroun et d’Europe, mais la gestion de cette bibliothèque pose un problème financier non résolu, ce pourquoi elle n’est que partiellement ouverte au public.
 
6 – Lecture et archivage de la presse

La colonisation française ne permettait pas une multitude d’organes de presse, et ce fut un héritage dans la postcolonie. Ce n’est qu’en 1992 qu’il y a eu libéralisation de la presse au Cameroun, et AfricAvenir a commencé à mettre cette presse à la disposition du public dans une salle de lecture, et à l’archiver après lecture. Cette expérience qui continue en 2011 a souvent été interrompue ou restreinte à quelques titres seulement par manque de moyens financiers. La collecte continue donc, mais elle n’englobe plus tous les titres de la presse, et la presse africaine internationale n’est plus représentée de manière régulière dans la salle de lecture. Ces archives ont néanmoins rendu un grand service à la préparation d’une exposition sur les 50 ans de l’indépendance du Cameroun.

7- Le cinéma africain s’est avéré être un extraordinaire outil pédagogique au sein de l’université, dans les lycées et collèges, à l’école primaire et pour les différents groupes de la société.

J’ai commencé à l’expérimenter à la fin des années 1990 dans mes cours à l’université Libre de Berlin, puis à l’Université de Yaoundé I, dans les villages de Bonendale près de Douala et dans les lycées et collèges de la ville de Douala. L’effet est poignant et réel, et le cinéma africain a la faculté de livrer un message qui passe et qui transforme le spectateur. Nous avons collecté plus de 120 films africains à la Fondation, ce qui est ridicule par rapport aux films produits par les Africains et les cinéastes d’ascendance africaine. Le paiement des droits de diffusion indispensables pour la survie des cinéastes pose cependant un problème à la fondation AfricAvenir à Douala qui ne dispose par de moyens financiers adéquats. Notre chance est que ces films sont très bien diffusés par les sections d’AfricAvenir International de Berlin et de Windhoek qui elles, peuvent payer les droits de diffusion.

8- La collecte de CD de la musique camerounaise est restée l’enfant pauvre de la fondation.

Nous avons commencé ce projet il y a cinq ans mais il a été interrompu et nous n’avons même pas 80 titres. En 2011, nous avons repris contact avec les distributeurs de musique et nous espérons trouver une solution en 2012.

9 – L’enseignement et la recherche scientifique en master et en doctorat sur les questions de la renaissance africaine

Celle-ci est assurée depuis le début de ma carrière universitaire en 1975, mais l’encadrement au sein de la Fondation ne date que de 1992 quand les premiers étudiants allemands sont venus faire un stage de longue durée à Douala. L’encadrement scientifique des chercheurs et l’utilisation des infrastructures de la Fondation, surtout de la bibliothèque Cheikh Anta Diop a permis la rédaction de plusieurs thèses de master et de doctorat soutenus dans les universités camerounaises, allemandes, et françaises.

10 – Pour conserver la pensée et les résultats de recherche sur les questions de l’héritage africain, de la renaissance africaine et des relations internationales équilibrées avec le continent africain, nous avons lancé dès 1985 la maison d’éditions AfricAvenir avec deux livres significatifs de Hubert Mono Ndjana, « Voyage en Corée » et de Kum’a Ndumbe III, « L’Afrique relève le défi – projet pour un partage communautaire moderne ». A cause des soubresauts politiques au Cameroun, ce travail a d’abord été interrompu après 1992, mais a repris en 2002 sous le label Editions AfricAvenir/Exchange & Dialogue. A ce jour, elle publie des livres dans les langues de la colonisation au Cameroun, soit en allemand, en français, en anglais, et dans les langues camerounaises. Les auteurs publiés jusqu’ici sont aussi bien camerounais, africains, qu’européens. Le premier livre d’une auteur canadienne sortira en octobre 2011. Tous ces auteurs de dialogue se reconnaissent dans l’engagement du destin commun de l’humanité.

Promouvoir

Si nous avons crée ces structures de préservation au sein du siège de la Fondation AfricAvenir International à Douala, il faut préciser qu’elles n’existent pas sous cette forme dans les sections de la fondation à Berlin, Vienne ou Windhoek. Ces sections archivent plutôt leur travail de promotion fait dans les pays respectifs. Il faut aussi ajouter que malgré la diversité de ces structures de préservation, les locaux de la Fondation AfricAvenir à Douala n’impressionnent pas, tant leur aspect est modeste pour ne pas dire vétuste parfois.

Le travail de la promotion à proprement parler varie selon les sections nationales d’AfricAvenir International qui choisissent l’accent et les priorités à mettre chaque année dans les pays respectifs.

1 – Les 2 sites Internet
 
Le site Internet www.africavenir.org a été crée en 2002 par mes étudiants de la Faculté des Sciences politiques de l’Université libre de Berlin. Après plusieurs semestres de cours dans cette université, les étudiants allemands étaient offusqués qu’ils entendaient pour la première fois ce qu’ils apprenaient dans mes cours et que ces découvertes de la recherche sur la falsification de l’histoire de l’Afrique et des relations internationales avec l’Afrique ne devaient pas se limiter à une salle de cours à l’université. Ils me proposèrent alors de monter un site Internet pour partager et propager ces idées. Pour une structuration scientifique de ce travail, j’ai offert un cours pendant deux semestres à l’université de Berlin sur la construction d’un site Internet dédié à la renaissance africaine, aux relations équilibrées avec l’Afrique, dans le souci d’un engagement pour le destin commun de l’humanité. Ces étudiants de sciences politiques se mirent parallèlement à apprendre les rudiments de l’informatique pour arriver à monter un site Internet. L’Allemand Eric van Grasdorff en fit tellement son affaire qu’il rédigea une excellente thèse de master sous ma direction sur « African Renaissance and Discourse Ownership in the Information Age. The Internet as a Factor of Domination and Liberation ».  Il est resté le webmaster de ce site Internet sur la renaissance africaine et sur le travail de nos différentes sections jusqu’en cette année 2011. 3000 visiteurs utilisent chaque jour ce site. En août passé, il y a eu 75.000 visiteurs.

Le site Internet de la maison d’éditions www.exchange-dialogue.com lancé par Eric Van Grasdorff  en 2005 vient d’être restructuré au siège de la fondation à Douala en 2011 et est géré actuellement depuis le Cameroun. Il rend compte des publications de la maison d’éditions et des relations avec la presse nationale et internationale sur nos activités.

2- Les forums de dialogue et les palabres africaines

Les forums de dialogue et les palabres africaines sur les sujets les plus variés sont surtout organisés par le siège à Douala et par la section allemande à Berlin. AfricAvenir Berlin, grâce à l’engagement élevé de ses membres et à ses sources de subventions financières est passé ces dernières années champion dans l’organisation régulière de ces forums, invitant les Africains
depuis leurs pays d’origine à venir débattre en Allemagne. Le principe de ces forums est d’amener autour d’une même table des interlocuteurs qui peinent à se rencontrer à cause des barrières érigées par les différentes chapelles politiques, idéologiques ou religieuses et d’arriver à s’écouter et à s’enrichir mutuellement. Ces forums sont en français ou en anglais au Cameroun, s’ajoute l’allemand en Allemagne. Les mêmes thèmes sont présentés et débattus dans les quartiers et dans les villages au Cameroun dans la langue camerounaise de la localité. Tout ceci se passe alors dans une atmosphère de palabre africaine, on ne regarde pas l’heure et on recherche le consensus.

3- Le tourisme, les voyages de rencontres et de dialogue

Le souci de créer des espaces de rencontres entre personnes d’origines et de cultures différentes nous a emmené à proposer de 2001 à 2009 des « voyage à la rencontre de la spiritualité africaine », « voyage à la rencontre des soins et de la guérison africaine », « voyage à la rencontre de la modernité et de la tradition », « voyage à la rencontre de l’intronisation d’un roi africain », « voyage à la rencontre de la prévention des conflits au Cameroun ». Il s’agissait à chaque fois de voyages de deux semaines au Cameroun de touristes européens, avec l’encadrement des différentes structures existantes à la fondation à Douala au moment de ces voyages. L’effet de ces voyages a toujours été spectaculaire car il a changé de manière durable la manière de voir l’Afrique par ces Européens qui sont devenus des ambassadeurs africains dans leur pays, d’autant plus que chacun ramenait quelque chose d’essentiel pour sa propre personnalité.   

4- Les stages académiques

Les stages académiques offerts aux étudiants durent entre trois et neuf mois. Les étudiants européens participent à ce programme depuis 1992, le premier jeune canadien est arrivé en 2011. Ces stages permettent aux étudiants ou jeunes bacheliers camerounais, européens ou autres à sortir de la structure de l’école ou de l’université, mais d’agir dans un cadre alliant recherche théorique et pratique du terrain. C’est ainsi qu’un étudiant allemand spécialisé dans la construction des routes se retrouvera responsable de la projection des films africains et du débat dans un village camerounais pendant un mois, avec des coupures de courant régulières, avant d’être affecté à autre chose. Ces jeunes en sortent très solidifiés et excellent pour la plupart dans leurs études une fois rentrés dans leurs pays.

5- Les lectures publiques

Les livres de notre maison d’édition structurant et préservant l’idée de la renaissance africaine, du dialogue menant à un engagement du destin commun de l’humanité, les lectures publiques avec les auteurs permettent de promouvoir cette pensée dans les différentes langues que sont le français, l’anglais, l’allemand et les langues camerounaises. La section de Berlin a innové avec des lectures scéniques qui permettent aux comédiens professionnels de lire des extraits d’ouvrages divers d’auteurs africains et d’ascendance africaine. Ces lectures sont surtout organisées au Cameroun, en Allemagne et en Autriche jusqu’à ce jour.

6- Des soirées de contes, de danse, de théâtre et de concerts

Des soirées de contes, de danse, de théâtre et parfois de musique sont organisées au siège de la fondation à Douala, dans différentes langues. En 2007, nous avons organisé avec la participation de 1500 élèves issus de 15 établissements du secondaire un concours de langues maternelles pendant trois mois. Chaque élève faisait le concours dans sa langue maternelle. On se surprend à suivre jusqu’au bout un conte dans une langue que l’on ignore, tout simplement avec un résumé qui a été livré au début. Ces spectacles sont aussi organisés par la section de Berlin qui invite souvent des musiciens d’Afrique pour des concerts géants. En 2010/2011, une pièce de théâtre a même été montée avec un grand succès public à Vienne par les élèves autrichiens du lycée BRG Marchettigasse, grâce à AfricAvenir Vienne et le Ministère de l’éducation et de la culture de l’Autriche.

7- Les foires du livre

La participation aux foires du livre est perçue comme primordiale pour la diffusion de nos livres et l’échange avec les autres éditeurs, la rencontre avec de nouveaux auteurs et le contact avec des sociétés de cinéma pouvant porter les thèmes de nos livres à l’écran. C’est ainsi que
les Editions AfricAvenir/Exchange & Dialogue participent régulièrement à la foire du livre de Francfort depuis 2006. Nous avons programmé notre participation aux foires du livre de Paris et de Londres en 2012.

8- Le cinéma africain

Au Cameroun, toutes les salles de cinéma ont été fermées progressivement pour des raisons diverses, la plupart se sont transformées en églises pentecôtistes ou églises de réveil. Et même quand ces salles de cinéma étaient ouvertes, on projetait plutôt des films de Hollywood, des films kung-fu ou des films de bas étage. Le film africain était rarement porté sur les écrans. C’est ainsi qu’est né l’idée au début des années 90 de projeter des films africains dans la grande salle de la fondation à Douala. Ces projections qui sont aussi programmées dans les villages, les quartiers, les universités, les lycées et collèges sont accompagnées de débats, et les sections de Berlin et de Windhoek qui affichent d’excellents programmes invitent aussi régulièrement les cinéastes africains réalisateurs ou acteurs pour participer aux débats en Allemagne ou en Namibie. En Namibie, AfricAvenir a contribué à l’organisation d’une banque de données pour les films namibiens, la « Namibian Movie Collection At The FNCC », en collaboration avec la « Joe-Vision Production » et les cinéastes de Namibie. La section de Berlin a contribué quant à elle à la mise sur pied d’un site Internet pour la « Guilde des cinéastes africains ».

9- Les expositions d’artistes

Les expositions d’artistes ont commencé de manière spontanée en 1992, gérées par les artistes eux-mêmes qui avaient transformé une salle de la fondation en galerie. Mais à cause de l’instabilité politique de l’époque, l’expérience ne mit pas long feu. Elle reprit cependant avec les artistes invités en résidence à Bonendale à Art Bakery de Goddy Leye après 2005. Actuellement, des rencontres avec les artistes de différentes disciplines ont lieu à la fondation et la salle d’exposition vient d’être rénovée. A Berlin, de grandes expositions ont été organisées sur l’abolition de l’esclavage et sur la participation de l’Afrique et du tiers-Monde dans la Deuxième Guerre mondiale.  

10 - L’espace « Génie Africain – livres-musique-artisanat»

L’espace « Génie africain » sera inauguré dans quelques semaines au siège de la fondation AfricAvenir International à Douala. En effet, une librairie offrant les publications des Africains et des personnes d’ascendance africaine avait été ouverte en 1991, mais l’expérience ne survécut pas à ces « années de braise ». Actuellement, un nouvel espace a été crée avec les livres très variés d’auteurs africains et non africains sur l’Afrique, les relations internationales et d’autres sujets. La musique camerounaise est très bien représentée par des CD originaux, en attendant l’extension aux autres musiciens africains et de la diaspora. Les artisans du bois, du bronze et de l’étoffe étalent aussi leur savoir faire dans cet espace qui s’est avéré trop petit déjà avant l’ouverture officielle.

11- Le retour en Afrique des trésors pillés pendant la colonisation

La fondation AfricAvenir International, en association avec 75 organisations allemandes a crée un lobby pour le retour au Cameroun de la proue princière, le « tangué » du roi Kum’a Mbape (Lock Priso), dérobé par le consul allemand Max Buchner comme butin de guerre le 22 décembre 1884 à Douala et qui se trouve depuis au musée ethnographique de Munich en Allemagne. AfricAvenir a aussi contribué à la visibilité du mouvement du retour des crânes de héros namibiens assassinés dans un génocide contre les Héréro et les Nama pendant la conquête du sud-ouest allemand en 1904-1908. Ces crânes qui devaient être rasés par les veuves des personnes assassinées elles-mêmes avant d’être transportés en Allemagne comme des trophées de guerre et déposés à Berlin à l’hôpital Charité doivent rentrer en Namibie en automne 2011 grâce à la demande du gouvernement de Namibie et à une mobilisation collective.

12 – Changement de noms de rues dédiés aux esclavagistes, colonisateurs et criminels de guerre

AfricAvenir International, en association avec 75 organisations en Allemagne, a participé au vaste mouvement qui a conduit le 29 août 2011 à Berlin à enlever le nom de l’esclavagiste Otto Friedrich von der Gröben (1657-1728) ayant opéré au Ghana, d’un quai à Berlin et de le rebaptiser « Quai Mai Ayim », une activiste africaine-allemande, d’origine ghanéenne (1960-1996), poète engagée dans le combat pour l’égalité avec les personnes d’ascendance africaine.

Protéger

Comment protéger cette expérience, la rendre plus visible et durable au-delà des 26 ans déjà traversées? Comme dès le départ, nous devons plus que jamais compter d’abord sur nos propres forces humaines, matérielles et financières au sein de la fondation AfricAvenir International car c’est la formule qui nous a permis de survivre. Elargir le cercle international avec plus de membres, plus de volontaires. L’ampleur de la tâche est cependant devenue telle que pour la visibilité, le professionnalisme, l’efficacité du projet et le bénéfice des acquis à un plus grand nombre, un management rigoureux s’appuyant sur un réseau international s’avère indispensable. Le lien avec des structures analogues dans d’autres pays africains, avec les structures de la diaspora africaine et les structures qui oeuvrent dans le monde pour le destin commun de l’humanité, sans esprit de domination, ce lien doit être établi avec des financement sûrs. L’échange avec les expériences des autres est capital pour la rectification de notre approche à la Fondation AfricAvenir International, nous avons besoin de l’expérience de votre parcours, de votre know-how, nous avons besoin de votre soutien logistique, scientifique, managérial et financier pour enrichir notre parcours dans la durée. Nous serions très heureux de partager avec vous notre modeste expérience acquise grâce à cette volonté ferme de faire triompher la venue d’un monde différent, respectueux du bien être de chaque citoyen de cette planète et respectueux des règles du cosmos.

Prince Kum’a Ndumbe III, Professeur des universités
www.africavenir.org; www.exchane-dialogue.com

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