Communiqué de Presse: Héréros et Namas du monde entier se retrouvent à Berlin
Berlin Postkolonial, Alliance d’ONGs „Völkermord verjährt nicht!“, 11.10.2016
Congrès transnational sur le génocide en Namibie : le gouvernement allemand refuse de participer à la discussion publique malgré la présence de représentants des peuples concernés.
Cette semaine marque la réunion à Berlin de cinquante délégués des communautés Herero et Nama, venus de trois continents différents. Ces descendants de victimes du génocide qui eut lieu entre 1904 et 1907 au Sud-Ouest Africain allemand viennent non seulement de Namibie, mais aussi d’Afrique du Sud, du Botswana, des Etats-Unis, du Canada, de Grande-Bretagne et d’Allemagne pour le Congrès « Justice réparatrice pour le génocide » qui se déroulera le 14 et 15 octobre au Centre Français (Müllerstraße 74). Avec des représentants d’associations politiques et civiles locales, ils débattront sur les démarches diplomatiques en cours se tenant entre les gouvernements allemand et namibien qui visent à terme à la reconnaissance officielle du génocide et à la réhabilitation des victimes.
A l’occasion du 12 octobre, « Jour de Christophe Colomb », qui rappelle le début de la colonisation Européenne et de l’esclavage transatlantique, le congrès a pour objectif d’intensifier le dialogue entre les descendants des victimes dispersés à travers le globe. Dans le cadre de la « Décennie Internationale des Personnes d’Ascendance Africaine » des Nations Unies, il permettra aussi aux représentants d’initiatives diverses agissant au niveau local en Allemagne, en Namibie, et au niveau international, de partager leurs expériences et connaissances.
Plusieurs événements accompagneront le congrès cette semaine : le 12 octobre à 18h30, la rue Lüderitz (« Lüderitzstraße ») dans le quartier Wedding changera symboliquement de nom, Adolf Lüderitz étant reconnu comme le fondateur de la colonie « Sud-Ouest Africain allemand ». Le 13 octobre à 18h, un rassemblement aura lieu devant les portes du Deutsch Historisches Museum (DHM) à l’occasion de l’ouverture officielle de l’exposition « Colonialisme Allemand. Fragments de son passé et de son présent. »
Les intervenants et participants du congrès souhaitent apporter un regard critique envers l’exclusion persistante des descendants des peuples colonisés dans les institutions culturelles qui traitent de l’histoire coloniale allemande en Afrique. La conception de l’exposition du DHM fut, par exemple, échafaudée sans aucune participation d’experts africains ou afro-allemands. En outre, le musée a lui-même refusé d’inviter les délégations Herero et Nama pour la cérémonie d’ouverture, malgré leur présence à Berlin cette semaine.
A cette critique s’ajoute un mouvement contestataire à l’égard des négociations entre l’Allemagne et la Namibie. Ces pourparlers se déroulent depuis 2014 à huit-clos et excluent toute participation des communautés Herero et Nama, minoritaires en Namibie, alors qu’elles sont directement concernées par le fruit de ces concertations. Ces peuples demandent réparation pour l’appropriation des terres de leurs ancêtres par l’Empire Allemand, terres qui furent ensuite redistribuées aux colons. Par ailleurs, le responsable des négociations du côté de l’etat fßederal allemand, Ruprecht Polenz, déclina l’invitation des organisateurs du congrès à participer au débat public avec les représentants délégués des communautés respectives.
Le 14 octobre prochain à 10h se tiendra au Bundestag une conférence de presse avec les représentants Herero et Nama organisée par le député Niema Movassat (Die LINKE). Les participants au congrès appellent au rassemblement devant la Kunsthaus KuLe (Auguststraße. 10) à 10h30 ce dimanche 16 octobre pour une marche solidaire et protestataire. Le cortège s’arrêtera devant le prochain Humboldt Forum, hébergé dans le nouveau Château de Berlin. Ce château, dont la reconstruction avoisine un coût de 600 millions d’euros, fut l’ancienne résidence de l’empereur Guillaume II, qui compte comme l’un des hauts-responsables du massacre des populations Herero et Nama entre 1904 et 1907.
Contact: Israel Kaunatjike, Alliance „Völkermord verjährt nicht!“, +49 1731035605 ; Christian Kopp, Berlin Postkolonial, +49 1799 100 976, buero[at]berlin-postkolonial.de
En savoir plus: http://www.berlin-postkolonial.de & http://www.genocide-namibia.net