Aminata Traoré: Lettre Ouverte au Président Hollande en réaction au refus de visa par la France

Nous publions ici la lettre ouverte qu’Aminata Dramane Traoré a adressée au Président Hollande en réaction au refus par la France d’entrée sur son territoire. Invitée par la fondation Rosa-Luxemburg, AfricAvenir et la fraction "La gauche" au Bundestag, se rendre à Berlin pour divers entretiens politiques et un Forum de Dialogue "Mali entre-temps – après l’intervention militaire, avant les élections". La France avait opposé son veto contre l’octroi d’un Visa Schengen pour Aminata Traoré ainsi qu’Oumar Mariko. L’Allemagne avait fini par autoriser Madame Traoré à entrer sur son territoire directement, mais avait refuser cette option à Oumar Mariko.nMonsieur le Président,

Docteur en psychosociologie, enseignante à l’Institut d’ethnopsychologie d’Abidjan, Ministre de la culture du Mali entre 1997 et 2000, puis démissionnaire, Aminata Traoré, c’est une des plus grande voix de l’Afrique. Féministe, auteure de "L’étau" et du "Viol de l’imaginaire" où elle décortique les rapports entre les puissances occidentales et l’Afrique. Elle occupe une place fondamentale dans la vie sociale, culturelle et politique du continent africain. nElle est souvent venue en France où elle a pu intervenir. Invitée tout récemment par une revue allemande, elle vient de se voir refuser son visa d’entrée dans l’Espace Schengen car son analyse des événements au Mali aujourd’hui en guerre et qu’on a auparavant étranglé pour le mettre à genoux ne convient pas au gouvernement de Paris. La France officielle a pourtant bataillé dans les années 1970 pour inscrire, entre autre dans le traité d’Helsinki, le principe de « la libre circulation des hommes et des idées ». nAurait-elle soudain peur de confronter ses opinions avec celles de citoyens libres des pays où elle envoie ses troupes ? Ou les principes de liberté mis de l’avant à l’époque sont-ils à géométrie variable, en fonction de qui estime avoir le droit de les imposer ici ou de les interdire là ? Y compris en voulant faire taire une des plus grandes voix de la francophonie vivante, celle des peuples libres pour lesquels le français est aussi la langue des droits de l’homme et du citoyen, et pas seulement la langue d’un ancien colonisateur.

Signataires:
Bruno Drweski: Maître de conférences, Directeur de La Pensée libre, Jean-Pierre Page: Syndicaliste, Samir Amin: Économiste, Président Forum des Alternatives, Bernard Gerbier: économiste, Professeur Université Grenoble, Elisabeth Gauthier: Enseignante retraitée, Charles Hoareau: Syndicaliste, Michel Collon: Journaliste, écrivain, Annie Ibrahim: Professeur de philosophie, Christian Raffaelly: Enseignant retraité, Kamal Ibrahim: Écrivain, Tamara Kunanayakam: Économiste, diplomate, Quim Boix: Syndicaliste espagnol, Jean Bricmont: Professeur Université  Louvain, Stefano Garroni: Philosophe, Jacques Bidet: Universitaire, Alain Ruscio: Historien, Jean-Louis Martinoty: Metteur en scène, Jean Magniadas: Membre honoraire du Conseil Economique et social, Roland Diagne: Porte-parole des sans papiers, Yves Vargas: Philosophe, Ismahane Chouder: Présidente du collectif féministes pour l’égalité, Nicolas Plagne: Historien, docteur de l’Université, Karim Lakjaa: Docteur en droit international, Catherine Samary: Universitaire, Christine Delphy: Auteure et chercheuse au CNRS, Claude Karnoouh: Anthropologue, philosophe, écrivain, Smaïn Bédrouni : Réalisateur et chercheur à l’Observatoire International pour la Paix, Raphaël Berland : Fondateur du Cercle des Volontaires, Raoul Weiss, Professeur agrégé

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