VOUS AVEZ DIT DEMOCRATIE ? Le processus de démocratisation au Cameroun – Défis et perspectives

Les inscriptions sur les listes électorales en vue de l’élection présidentielle du Cameroun en octobre 2011 font l’objet d’un vif débat. La multiplicité des partis politiques et l’exercice des urnes sont-ils des éléments suffisants pour qu’il y ait démocratie ?  

1997-2011, cela fait 14 ans que la Fondation AfricAvenir International se penche de manière scientifique et critique sur la question de la démocratie, particulièrement au Cameroun. Et cela n’a pas toujours été sans heurts avec l’autorité administrative.

« Honneur vous demander bien vouloir empêcher par tous moyens Stop Tenue séminaire sur la démocratisation. Programmés par Fondation AfricAvenir à l’Hôtel LEWAT à Douala Stop Prévus pour les 24 et 25 janvier et 21 et 22 février 1997 suivant programme ci-joint Stop Empêcher également programmation des palabres africaines suivant programme ci-joint Stop Dites réunions sont illégales et ont été interdites et lettre a été adressée à l’intéressé qui refuse d’observer dite interdiction Stop Prendre toutes disposition nécessaires pour que force reste à la loi Stop Me rendre compte du résultat de votre action Stop Urgence particulièrement signalée Stop et fin
Vu, bon à porter Douala, le 24 janvier 1997
(Sous-Préfet de Douala Ier au Commissaire de sécurité publique pour stricte application) »  

La Fondation AfricAvenir International, en partenariat avec la Fondation allemande Heinrich Böll, avait programmé l’organisation de 3 mois de séminaires et palabres africaines en français, en anglais et dans les langues locales sur le processus de démocratisation au Cameroun, aussi bien dans les villes que dans les villages. Face à l’interdiction, une bataille juridique s’engagea auprès de la chambre administrative de la Cour suprême et grâce aux astuces juridiques, le programme put être exécuté pendant les trois mois sans confrontation. L’Ambassadeur d’Allemagne Klaus Holderbaum et le consul Colell, pour le compte de la Fondation allemande Heinrich Böll,  prirent courageusement part à l’ouverture solennelle aux côtés du Prince Kum’a Ndumbe III, Président de la Fondation AfricAvenir International, entouré de ses notables. Des citoyens de plusieurs couches sociales de toutes les provinces du Cameroun invités avaient honoré l’invitation, et les intervenants suivants encadrèrent les débats : Mbogbog Nkoth Bisseck, Siga Assanga, Kange Ewane, Paulette Beat Songue, Pius Njawe, Anicet Abanda, Abbé Bonaventure Taa, Marie Claire Ekabouma, Bernard Muna, Basile Louka, Nkeng Asong Peter, Mbogbog Gouett Gouett, Henriette Ekwe, Edimo Sophie Nandubo, Py Dipoko, Roger Gabriel Nlep, Narcisse Mouelle Kombi II, Jean Emmanuel Pondi, Thierry Mbouza, Claire Okani, Nana Delphine, Evelyne Ngo Lambidjeck, Tchapda Daniel, Kum’a Ndumbe III et bien d’autres citoyens.

Les débats houleux à Douala, Yaoundé et dans les villages eurent lieu en français, en anglais, en duala, en bassa, et en pidgin, et les textes furent aussi rédigés dans ces langues.

De quoi avait peur l’administration à l’époque, elle qui reçut officiellement tout le programme ?

Il s’agissait de débattre du processus de démocratisation au Cameroun dans un forum avec tous partis politiques confondus et dans des ateliers suivants :
Processus de démocratisation au Cameroun, défis et perspectives    
n

  • Démocratie et structures politiques traditionnelles au Cameroun
  • Democracy and Multipartism in Cameroon
  • Démocratie et ethnicité au Cameroun

nL’éducation civique des citoyens en démocratie
n

  • Le rôle des médias en démocratie
  • Le rôle des partis politiques en démocratie
  • Le rôle de l’église en démocratie

nDémocratie et décentralisation au Cameroun
n

  • Démocratie et autogestion communale
  • Administrative Decentralisation in a Democracy
  • Fédéralisme, Etat unitaire et Démocratie
  • Le contrôle de l’Etat en démocratie

nPalabres africaines dans les langues camerounaises
n

  • Les élections en démocratie (en bassa, en duala)
  • Démocratie et ethnicité (pidgin, duala, bassa)

nAujourd’hui en août 2011 que nous portons les résultats de ces débats à la connaissance du public national et international, aujourd’hui qu’il est devenu normal de plaider pour la démocratie au Cameroun, nous rendons hommage à tous ces citoyens qui avaient accepté d’accompagner la Fondation AfricAvenir International dans cet engagement pour une éducation de notre société en démocratie, nous disons merci à ceux des notables Bele Bele qui avaient encadré le Prince Kum’a Ndumbe III dans cette épreuve difficile et nous exprimons notre reconnaissance à la Fondation allemande Heinrich Böll pour son soutien, elle qui avait compris l’urgence du débat sur la démocratisation au Cameroun.

Avec ce livre « Vous avez dit Démocratie ? », nous voulons, en cette période d’élections présidentielles réaffirmer que pour qu’il y ait démocratie, en plus des élections, il faut assurer le contrôle du pouvoir par la population, la transparence, l’obligation aux acteurs politiques de rendre compte, la possibilité d’être sanctionné, une séparation réelle des pouvoirs exécutifs et législatifs, et surtout l’indépendance de la magistrature dont les sanctions doivent être suivies d’effet, sans exception. Mais c’est de tout cela qu’une bonne partie de l’élite camerounaise a peur. Beaucoup de ceux qui sont dans l’opposition et qui aspirent au pouvoir ont peur de la démocratie. La plupart voudraient régner sans partage et sans contrôle. Et on utilise le terme de démocratie pour réclamer l’alternance au pouvoir, car l’alternance fait partie de la démocratie. Ou alors certains tenants du pouvoir organisent des élections truquées d’avance car les élections font partie du jeu démocratique. Et les deux bords se moquent de leur propre peuple pour le précipiter plus encore dans la ruine. Et pourtant actuellement, le gouvernement camerounais a bien voulu ouvrir certaines portes pour jouer le jeu, en innovant et en donnant la voix même à la diaspora. Mais alors qui bloque ?

Nous lançons à notre élite un vibrant et pressant appel pour un changement urgent de cap, de mentalité et de conception même de la politique. Les peuples africains et camerounais ont un urgent besoin de reprendre leur destin en mains et l’élite doit cesser d’être une entrave décisive à ces aspirations. Il y va de la survie même de nos peuples à l’heure où l’Afrique compte plus d’un milliards d’âmes et que l’unification du continent est devenue une urgente nécessité de survie collective.

Bonne lecture !

Prince Kum’a Ndumbe III
Professeur des Universités

Vous avez dit Démocratie ? Le processus de démocratisation au Cameroun : défis et perspectives, Sous la direction de Kum’a Ndumbe III, Editions AfricAvenir/Exchange & Dialogue, Douala/Berlin/Vienne/Windhoek ; 206 pages avec photos, ISBN 3-939313-17-3/ 9-783939-313175 ; 9500 FCFA, 17,90 Euro.
En vente en librairie ou par : moc.eugolaid-egnahcxe@redro; www.exchange-dialogue.com et www.africavenir.org

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