Le Messager: Patrimoine/Langues: La déchéance des langues maternelles
Article paru dans le quotidien camerounais Le Messager le 27.02.2009 sur le travail d’AfricAvenir en relation aux langues maternelles. Durant deux heures d’horloge, le Prince Kum’a Ndumbe III a présenté à l’assistance la richesse de son espace au travers d’une exposition des livres publiés en plusieurs langues notamment le douala, le bulu, le foufouldé, le medumba, l’ewondo et biens d’autres. nPatrimoine/Langues: La déchéance des langues maternelles
Le Messager, DOUALA – 27 FEVRIER 2009
Linda MBIAPA, Le Messager nL’anglais et le français sont les plus utilisées par des citoyens camerounais au détriment des langues locales. n“La politique fait que les langues camerounaises meurent. Conséquence, on adopte l’anglais et le français. Ce qui est grave au Cameroun, c’est qu’on se définit par rapport à la colonisation. Pourquoi se définir comme francophone ici et anglophone là -bas à Ne nous bourrez pas les oreilles avec la langue du blanc tout le temps ”. Cette remarque a été faite par le Prince Kum’a Ndumbe III, professeur des Universités et président de la Fondation africavenir international. C’était samedi 21 février 2009 à l’occasion de la célébration de la 6ème journée internationale des langues maternelles, au siège de ladite fondation à Bonabéri -Douala. L’objectif principal étant de faire comprendre que le Cameroun n’est pas seulement un Etat bilingue, où l’on utilise le français et l’anglais, mais multilingue avec plus de 200 langues vivantes et utiles.
Durant deux heures d’horloge, le Prince Kum’a Ndumbe III, a présenté à l’assistance la richesse de son espace au travers d’une exposition des livres publiés en plusieurs langues notamment le douala, le bulu, le foufouldé, le medumba, l’ewondo et biens d’autres. La plupart rédigée par des écrivains camerounais à l’instar de Maurice Tadadjeu, qui, dans son ouvrage “ Le défi de Babel au Cameroun ” invite chaque Camerounais à maîtriser au moins trois langues parmi lesquelles la langue maternelle. Et au Prince d’ajouter que la diversité culturelle est la condition sine qua non pour le succès. nPar ailleurs, au cours de cette journée, deux étudiants des Universités de Yaoundé I et Douala, en l’occurrence Dominique Jounda et Penda Ludovic ont présenté un exposé sur le thème : “ nos langues et nous les jeunes ”. nIl s’agissait de donner des conseils aux jeunes sur les actions à entreprendre quotidiennement pour aider les autres à maîtriser leurs langues. L’on retiendra tout d’abord que la maman, pendant sa grossesse, doit parler au fœtus en sa langue. Après la naissance, elle l’inscrit dans des écoles dont les cours sont dispensés en des langues camerounaises. Ensuite, que chacun s’exprime dans sa langue. Selon les conférenciers, le succès découle de ce premier geste que doit entreprendre tout parent. A travers des conseils, ils ont montré la nécessité de l’apprentissage des langues maternelles pour le développement du pays. nApprentissage
De nombreux adolescents et adultes ont démontré par la même occasion leur aptitude à parler leurs langues à travers des jeux, concours et échanges. Emus, certains ont exprimé leur joie. C’est le cas de Sandra A., élève en classe de terminale au lycée Joss. “ C’est un bonheur pour moi de découvrir cette fondation. Je dois avouer que ne maîtrisant pas très bien ma langue, le medumba, je peux désormais me ressourcer ici moyennant la somme de 100 Fcfa pour la lecture d’un livre. Je ne rentre pas bredouille de ce lieu ”, confie-t-elle. Une projection d’un film en langue zoulou, intitulé “Yesterday” de Darrel J. Roodt a clôturé le programme. nLa fondation AfricAvenir est une organisation non gouvernementale à but non lucratif qui ambitionne de promouvoir la renaissance de l’Afrique, le développement, la coopération internationale et la paix entre les peuples. Elle dispose d’une bibliothèque baptisée Cheikh Anta Diop riche d’environ 6000 livres dont la plupart sont des travaux centrés autour de la question des langues africaines en général et camerounaises en particulier.